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Dans le monde idéal des édulcorants, ces substituts du sucre nous aident à consommer moins de sucre et de calories, à réduire notre risque de diabète, à éliminer kilos superflus ... Malheureusement la réalité est souvent moins florissante, et la question des édulcorants revient régulièrement sur le devant de la scène, généralement en raison de nouvelles données scientifiques controversantes. C'est à présent au tour du sucralose d'être au cœur d'une vive polémique.

Le sucralose : un édulcorant sous le feu des projecteurs

Cette fois, c’est au tour du sucralose de faire parler de lui. Il s’agit d’un édulcorant dit « de synthèse » car il n’existe pas naturellement. Il est fabriqué à partir du saccharose, notre « sucre de table », qui présente plusieurs avantages pour remplacer le sucre.

En effet, il a un pouvoir sucrant très élevé (environ 600 fois celui du sucre de table). De surcroît, il n’a pas d’impact sur la glycémie (le taux de sucre dans le sang). Il supporte bien la chaleur et donc la cuisson contrairement à d’autres édulcorants du marché.

De fait, il est autorisé en Europe et en France depuis 2004 et apparaît comme additif alimentaire sous la référence E955. Le sucralose est ainsi intégré dans de nombreux produits de consommation courante tels que les préparations à base de fruits, les chewing gums, les produits laitiers fermentés (yaourts), les céréales de petit-déjeuner

Sucralose et maladie de Crohn

Dans une étude récente, des chercheurs se sont penchés sur le lien entre consommation de sucralose et maladie de Crohn. Ces travaux s’appuyaient sur l’observation, dans des études épidémiologiques, d’une prévalence accrue de maladie de Crohn chez les personnes consommant des édulcorants.

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https://le-quotidien-du-patient.fr/article/2018/05/07/maladie-de-crohn/

Les chercheurs ont relevé 2 observations majeures après une supplémentation en sucralose chez des souris pendant 6 semaines :

1 - la consommation de l’édulcorant modifie le microbiote intestinal des souris. Elle favorise, en effet, la prolifération d’une famille particulière de bactéries. Ceci est particulièrement vrai pour une sous-famille de bactéries, chez les souris présentant une inflammation de l’intestin comparable à la maladie de Crohn chez l’Homme.

2 - chez les souris sujettes à cette inflammation semblable à la maladie de Crohn, la consommation de sucralose augmente l’activité d’une molécule intestinale, elle-même pro-inflammatoire. Cette augmentation n'a pas été observée chez les souris considérées comme saines.

Sur la base de ces observations, les auteurs concluent que le sucralose présent dans notre alimentation peut favoriser les réactions inflammatoires intestinales chez les sujets ayant des prédispositions, comme par exemple chez les personnes ayant une maladie de Crohn.

Le microbiote intestinal perturbé par le sucralose

Une publication précédente avait déjà fait état d’une altération du microbiote intestinal en défaveur des « bonnes » bactéries après la consommation de sucralose. A cela s’ajoutent des effets défavorables du sucralose à différents niveaux de l’organisme, ce qui avait conduit les auteurs à remettre en question le caractère inerte du sucralose.

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https://le-quotidien-du-patient.fr/article/demain/medecine/2018/07/13/microbiote-intestinal/

Pour rappel, l’utilisation du sucralose comme celle de tous les additifs alimentaires est réglementé au niveau européen. Cette réglementation s’appuie sur les données de la science pour définir notamment leurs conditions d’utilisation dans les produits alimentaires et les quantités autorisées.

Sources

- Rodriguez-Palacios A. et al., « The Artificial Sweetener Splenda Promotes Gut Proteobacteria, Dysbiosis, and Myeloperoxidase Reactivity in Crohn's Disease-Like Ileitis », Inflamm Bowel Dis., avril 2018, 24(5), p. 1005-1020. - Schiffman S. & Rother K.I., « Sucralose, A Synthetic Organochlorine Sweetener : Overview of Biological Issues », J Toxicol Environ Health B Crit Rev., septembre 2013 Sep, 16(7), p. 399–451. - Fourchette et bikini. - Femme actuelle. - La Nutrition. - Autorité Européenne de Sécurité Sanitaire des Aliments, Les additifs alimentaires. - Autorité Européenne de Sécurité Sanitaire des Aliments, Les édulcorants.

Des études ont montré une diminution de la mortalité globale parmi des patients coronariens ou insuffisants cardiaques de plus de 65 ans ayant une obésité modérée (IMC 30-35). C’est ce qu’on appelle le paradoxe de l’obésité. Mais il a été mis à mal récemment. Explications.

La naissance du paradoxe de l'obésité

Le paradoxe de l’obésité est apparu à la suite de travaux controversés qui montraient que l'obésité pouvait être associée à une meilleure espérance de vie, surtout chez les personnes âgées. Les explications apportées à de telles conclusions sont multiples. Tout d’abord, ces études ne portaient que sur des personnes âgées de plus de 65 ans. On peut supposer qu’à cet âge ces personnes ont un bon profil métabolique et une bonne hygiène de vie. D’autre part, il ne faut pas prendre uniquement en compte l’IMC, il faut l’associer au tour de taille. L’IMC, seul, n’est pas une mesure de la composition corporelle et ne permet donc pas d’évaluer l’obésité abdominale, qui est associée au syndrome métabolique et donc au risque cardiovasculaire.

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Enfin, dernière raison et certainement pas la moindre si les personnes obèses semblent vivre plus longtemps avec une maladie cardiaque, c’est simplement parce qu’elles sont en général diagnostiquées plus tôt.

Le surpoids, ennemi du cœur

Mais deux études récentes ont montré que le surpoids n’était pas un bienfait pour la santé du cœur. La première a comparé les dossiers médicaux de près de 297 000 adultes entre 2006 et 2010. Elle a montré que le risque cardiovasculaire augmente en fonction du tour de taille et de l’IMC. Les personnes ayant un IMC entre 22 et 23 (correspondant à une corpulence normale) ont moins de risques, au-delà il augmente rapidement.

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La seconde étude arrive à la même conclusion. Menée auprès de 190 000 personnes entre 1964 et 2015, les risques d’incidents cardiovasculaires sont plus élevés pour les personnes en surpoids ou obèses.

Les résultats montrent également que les hommes obèses entre 40 et 59 ans ont un risque plus élevé (67 %) d’accident vasculaire cérébral, d’infarctus ou d’insuffisance cardiaque que les hommes de poids normal. Chez les femmes ce risque est plus élevé (85 %). A cela s’ajoute une espérance de vie moindre pour les hommes obèses (-1,9 ans) et pour les femmes obèses (-3,4 ans).

La seule conclusion qui s’impose pour celles et ceux qui hésiteraient encore à faire un effort est la réflexion d’une professeure de médecine, « quand on est dans la zone du surpoids ou de l'obésité, perdre quelques kilos ou plus si possible ne fera qu'améliorer la santé ».

Sources

Stamatina Iliodromiti et al.« The impact of confounding on the associations of different adiposity measures with the incidence of cardiovascular disease: a cohort study of 296 535 adults of white European descent », European Heart Journal, 39 (17), mai 2018, p. 1514–1520. - Sadiya S. Khan et al.« Association of Body Mass Index With Lifetime Risk of Cardiovascular Disease and Compression of Morbidity », JAMA Cardiol.2018, 3 (4), p. 280-287. - Sciences et avenir.