
Les personnes souffrant d'intolérance alimentaire sont de plus en plus nombreuses. Mais qu’en est-il vraiment ? Allergique ou intolérant : pas si simple. C’est pourquoi quelques explications s’imposent.
L'intolérant : de l'ombre à la lumière
Longtemps ignorée voire qualifiée de psychosomatique par le corps médical, l’intolérance alimentaire est plus « subtile ». Alors que l’allergie est clairement identifiée par un dosage des IgE, l’intolérance alimentaire provoque un état inflammatoire avec synthèse de prostaglandines et fait intervenir d’autres immunoglobulines : les IgG. Tout est dans le diagnostic ! De nombreux laboratoires proposent leurs propres dosages mais, sans consensus, ils restent sujets à caution…En effet, face à un ensemble de troubles qui s’apparentent à ceux des allergies mais qui n’en sont pas et qui deviennent invalidantes, de nombreuses personnes partent « en quête » du/des responsables de leurs problèmes. Et tentent le régime « sans » : « sans gluten », « sans caséine », « sans protéines de lait de vache », « sans œuf » … Et constatent souvent une amélioration de leur état de santé, de leur vitalité, de leur performances intellectuelles.
À découvrir : Savez-vous faire la différence entre allergie et intolérance alimentaire ?
Point positif, le nombre de personnes souffrant d’intolérance alimentaire étant en progression constante, des études ont été menées et les résultats sont encourageants. Ainsi, l’une d’elles a montré une amélioration des troubles digestifs sur un panel de patients non diagnostiqués Cœliaque ou allergiques au blé ou au gluten ayant suivi un régime sans gluten par rapport au groupe témoin qui n’a pas suivi de régime sans gluten…
Point négatif, le nombre croissant de personnes souffrant d’intolérance alimentaire…
Le cercle vicieux de l’intolérance alimentaire….
À bas bruit
Ainsi, avant de penser à une possible intolérance alimentaire ou même à envisager cette éventualité, il peut se passer des mois voire des années. Puis, des petits inconforts font progressivement leur apparition, mais rien de grave. Ensuite, des douleurs plus chroniques et pas nécessairement digestives, une fatigue toujours plus difficile à gérer et à expliquer voient le jour.Cependant, lors d’un voyage à l’étranger, de vacances où les habitudes alimentaires sont bouleversées, les symptômes peuvent parfois diminuer, voire même disparaître. Puis réapparaître lors du « retour » à la vie normale. L’écoute de son corps et de ses manifestations peut alors amener à se demander si notre alimentation ne serait pas une piste à suivre.
« Tout est poison, rien n’est poison, tout est dans la dose »
En moyenne, les repas s’articulent autour d’un nombre d’aliments très limités malgré la profusion de choix que nous propose à présent l’offre alimentaire. Et, effectivement, si un seul aliment pose problème, il y a fort à parier qu’il est consommé quotidiennement, depuis des années sans même se poser la question de sa possible nocivité pour notre santé.C’est, en effet, notre système digestif dans son intégralité et en particulier nos intestins qui assurent la bonne utilisation des aliments que nous consommons. De fait, les intestins ont la particularité d’assurer la bonne assimilation de leurs composants. Acides aminés issus de la dégradation des protéines, sucres issus des glucides, acides gras des lipides, vitamines, minéraux et oligo-éléments… Une machine complexe qui possède une structure complexe pour mener à bien sa mission : la barrière intestinale.
Hélas, en cas d’intolérance, certains composants de l’aliment ou des aliments responsable(s) deviennent très irritants pour la barrière intestinale. Elle se fragilise et devient poreuse. Blessée, elle essaie de se réparer mais y parvient de moins en moins bien. Une inflammation à bas bruit s’installe. L’assimilation des nutriments se dégrade… tout comme l’état de santé de l’intolérant.
Alors, bientôt tous « sans » ?
À la mode dans les médias et dans vos magazines
Depuis plusieurs années, déjà, de nombreuses stars du cinéma ou athlètes font l’apologie de leur régime « sans ». Tous ont pu constater une perte de poids, une diminution de la fatigue et des troubles chroniques surtout digestifs et inflammatoires, une amélioration de leur état de santé. Pour autant, sont-ils tous intolérants aux aliments éliminés dans leurs régimes ? Pas nécessairement ! Mais ce sont des êtres humains modernes et donc soumis aux mêmes problématiques que nous. Plus soucieux de leur image ou de leurs performances, ils sont donc plus attentifs à leur outil de « travail » : leur corps a anticipé une réelle problématique de santé : cette intolérance alimentaire qui nous guette !Pour en savoir plus : Le régime sans gluten pourrait-il être dangereux pour notre santé ?
L’éducation nutritionnelle comme solution plutôt que l’éviction
Les principales intolérances alimentaires sont celles au gluten et aux protéines de lait de vache, des incontournables de notre alimentation moderne… En effet, le gluten est un ensemble de protéines que l’on trouve dans certaines céréales dont le blé et ses dérivés (froment, épeautre ; pâtes, pain, semoule…), le seigle, l’orge et l’avoine. Les protéines de lait de vache sont présentes dans tous les produits laitiers dérivés : lait, fromage, yaourt, fromage blanc, dessert lacté…Pour en savoir plus : l'allergie aux protéines de lait de vache ; l'allergie au gluten
Les alternatives sont pourtant nombreuses et c’est dès le plus jeune âge qu’il faut les proposer. Diversifier, varier, il y a tant de possibilités. Pensez au riz, au maïs, au sarrasin (le blé noir des galettes bretonnes et des crozets savoyards), aux pommes de terre, aux légumineuses. Les enfants adorent les pois cassés… Pensez au lait de chèvre ou de brebis !
Faites des rotations, suivez les saisons, retournez au marché !
Contenu relu et validé par une diététicienne WeCook.
Sources
- Les Allergies alimentaires, Fabienne RANCÉ, Guy DUTAU, éditions Expansion Scientifique Santé, - L’Immuno-nutrition : se nourrir selon son immunité, Dr Dominique RUEFF ; éditions François-Xavier De Guibert, - Les clés de l’alimentation santé : Intolérances alimentaires et inflammation chronique, Dr Michel Lallement, éditions Mosaïque Santé, - Changez d’alimentation, Pr Henry JOYEUX, éditions du Rocher, - L’Alimentation ou la 3ème médecine, Dr Jean SEIGNALET, éditions François-Xavier De Guibert - Glouton de gluten, Taty LAWERS, éditions Aladdin, - Revue Alternative Santé, - « Small Amounts of Gluten in Subjects With Suspected Nonceliac Gluten Sensitivity: A Randomized, Double-Blind, Placebo-Controlled, Cross-Over Trial. », Di Sabatino A. et al., Clin Gastroenterol Hepatic., septembre 2015, 13(9), p. 1604-12.e3.Les allergies et intolérances concernent entre 3,2 et 3,6% de la population générale en France. Les plus fréquentes chez les enfants entre 3 et 15 ans sont l'arachide, l'oeuf, les légumineuses, les fruits à coques et le poisson. Mais, allergie ou intolérance alimentaire ?
Allergie ou intolérance : quelles différences ?
Tout d'abord, l’ intolérance alimentaire reflète une incapacité répétée de l’organisme à digérer les composants spécifiques de certains aliments. Aussi, elle apparaît de manière progressive pour ensuite s'installer sur la durée.À découvrir : Bien comprendre l'intolérance alimentaire.
Quant à l’allergie alimentaire, elle indique une réaction inadaptée du système immunitaire à l’exposition de certains allergènes. L’allergène déclenche une réaction d’ordre immunologique immédiate.
Les symptômes
Des simples éruptions cutanées (démangeaisons) à des formes graves d’asthme jusqu’à un œdeme de Quincke (choc anaphylactique).Que faire ?
D'abord, Bien lire les étiquetages des produits, être prudent lors de repas pris à l’extérieur. Depuis plus d'un an, obligation pour les traiteurs et restaurateurs d’indiquer visiblement les principaux allergènes contenus dans leurs préparations ou plats. Et surtout, éviction totale en cas d’allergie ; éviction fortement souhaitable en cas d’intolérance.Le top 13 des substances ou produits provoquant des allergies ou des intolérances en France
- céréales contenant du gluten : blé, orge, avoine, seigle, épautre, kamut... dans le pain, pâtes, semoule, boulghour… - œufs et produits à base d’œufs, - lait de toutes les espèces (vache, chèvre…). Allergie au lactose (glucide naturel du lait), - arachides (cacahuète), - fruits à coques : amande, noisette, noix de cajou… - poissons : de la simple inhalation à sa consommation, - mollusques, - crustacés, - soja, - céleri, - moutarde, - graines de sésame, - lupin.Contenu relu et validé par une diététicienne WeCook.
Les MICI, on vous en parle depuis quelques temps déjà. Que ce soit la maladie de Crohn ou la rectocolite hémorragique (RCH), nous avons vu que l’origine était malheureusement encore méconnue. Ce qui apparait clairement cependant c’est que l’alimentation n’a pas de rôle dans la survenue des MICI. Cela ne veut pas dire que l’alimentation n’est pas importante lorsqu’on a une MICI, au contraire !
L'alimentation pour diminuer les symptômes des MICI
Soyons clairs, l'alimentation ne va pas avoir pour but de traiter ou de guérir de la maladie. Elle va malgré tout permettre de diminuer ou faire disparaitre certains symptômes de la maladie ou même du traitement que vous avez ! Pour complexifier encore un peu plus votre quotidien, votre alimentation ne devra pas être la même que vous soyez en phase de poussée ou en phase de rémission. De plus, l’alimentation sera à adapter en fonction de votre état nutritionnel, de votre tolérance... Complexe ! Mais ne vous inquiétez pas, LQDP vous explique la marche à suivre au niveau alimentation lors des deux phases.Pour ne plus rien ignorer sur les MICI : quels traitements pour la maladie de Crohn ? Et pour la rectocolite hémorragique ?
MICI : l'alimentation en phase de poussée
Pendant la phase de poussée, l’alimentation va jouer un rôle majeur avec 3 objectifs principaux :1 - Éviter ou corriger les éventuelles carences nutritionnelles
En phase de poussée, vos apports énergétiques sont à augmenter pour palier ou prévenir d’une éventuelle dénutrition. Veillez donc à avoir des bons apports nutritionnels, notamment en protéines mais il ne faut pas pour autant négliger les vitamines, minéraux et oligo-éléments.2 - Contrebalancer les effets de la prescription médicamenteuse
En plus des conséquences liées à la maladie (anémie, fatigue, diarrhée…), le traitement médicamenteux peut lui aussi engendrer des effets secondaires : prise de poids, augmentation du risque d’ostéoporose, problèmes cutanés… Pour palier à ses effets secondaires liés notamment à la prise de corticoïdes, il faut : - Limiter les produits sucrés, - Augmenter les apports en protéines, - Insister sur les apports en calcium et en vitamine D.3 - Améliorer votre qualité de vie
Lorsqu’on a une MICI, on peut être victime de diarrhées. L’alimentation peut contribuer à les diminuer et pour cela, on privilégiera un régime pauvre en fibres alimentaire et en lactose, couramment appelé dans le milieu de la diététique « régime sans résidus ». Ce régime sans résidus est souvent vite élargi en régime sans fibres d’origine végétale dès l’amélioration des selles. Et en voyant ce qui est conseillé de manger dans un régime sans résidus, on comprend vite pourquoi on essaie de l’élargir rapidement !À découvrir : Le Cannabis thérapeutique, la solution ?
En pratique ça donne quoi ?
Quand tout va mal en début de phase de poussée, on recommande un régime sans résidus c’est-à-dire qu’on va éliminer de l’alimentation tous les aliments apportant des résidus. On appelle résidus la fraction alimentaire qui est non digérée et non assimilée par l’intestin grêle qui parvient jusqu’au colon où elle sera fermentée par la flore colique. Les fibres d’origines animale (collagène, élastine…) et végétale (pectine, cellulose…), le lactose, les amidons résistants, les résidus glucidiques (inuline des artichauts, raffinose des choux…) sont autant de résidus que l’on retrouve dans notre alimentation.https://le-quotidien-du-patient.fr/article/2018/04/25/habitudes-alimentaires-mici-crohn-rch/
Les aliments conseillés au cours d’un régime sans résidus « strict »
1 - Produits laitiers
- Préparation délactosée, - Fromages à pâte pressée cuite du type Emmental, Beaufort, Comté, - Fromages fondus du type Vache qui rit®.2 - Viandes, poissons et œufs
- Viande maigre et viande blanche, - Charcuterie dégraissée découennée non fumée comme par exemple du jambon cuit, du jambon sec, du bacon, - Poisson maigre et éventuellement poisson demi-gras comme par exemple le bar, l’espadon, le tilapia, la raie, - Œufs avec un blanc bien cuit.3 - Féculents
- Biscottes non raffinées et autre équivalent, - Pain blanc grillé, - Céréales non raffinées et non cuisinées : riz blanc, semoule, pâtes, tapioca.4 - Fruits et légumes
- Bouillons de légumes, filtrés, élaborés à partir de légumes peu fibreux et se digérant facilement : courgette, carotte, aubergine, salade, endive, betterave, blanc de poireau, potiron, haricot vert extra fin, épinard, tomate, cœur de fenouil, - Bouillons de fruits filtrés légèrement sucrés (5g max de sucre pour 100g d’eau) réalisés à partir de fruits peu fibreux et se digérant facilement : pêche, brugnon, nectarine, poire, pomme, abricot, agrume.5 - Matières grasses
- Huile, beurre et margarine végétale.https://le-quotidien-du-patient.fr/article/a-table/alimentation-sante/2019/01/07/regime-sans-residus/
Un régime très strict
Le régime sans résidus « strict » comme son nom l’indique est très strict (là on ne vous apprend rien !). Et c’est pour cela qu’on l’élargit très rapidement dès l’amélioration des selles. Sinon imaginez, pendant votre période de poussée, exit la crème fraîche, le lait et autres desserts lactés, les fromages frais, les pommes de terre et tout un tas d’autres aliments encore. Il serait difficile de suivre ce régime restrictif pendant plusieurs jours voire plusieurs semaines ou même plusieurs mois pour certaines personnes souffrant d’une MICI ! Et sans parler des éventuelles carences nutritionnelles que ce régime strict peut causer. Le plus important à retenir pour les personnes atteintes d’une MICI c’est qu’il n’existe pas de conseils diététiques type. Donc, les aliments à supprimer temporairement et la réintroduction des aliments se feront en fonction de la tolérance personnelle. À vous de tester vos limites !À découvrir : bien se nourrir en phase de rémission
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Sources
- C. Carip et V. Liégeois, Physiopathologie : bases physiopathologiques de la diététique, Editions Tec et Doc, Lavoisier, 2000. - M. Apfelbaum et al., Dictionnaire Pratique de diététique et de nutrition, Masson, 1981. - E. Fredot, Régimes, Editions Tec et Doc, Lavoisier, 2011. - AFA Crohn - RCH - France.Page 121 sur 214