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Le microbiote est composé de cent mille milliards de bactéries, pèse entre un et cinq kilos et colonise les quelques 400 m² de notre surface intestinale. Nous vivons en symbiotisme avec notre microbiote, c’est-à-dire qu’il ne peut pas vivre sans nous et nous sans lui.

85 % de bactéries inconnues

Le séquençage de l’ADN a permis aux scientifiques de découvrir la diversité des groupes bactériens intestinaux. C’est ainsi que l’analyse de 396 échantillons de selles a permis d’identifier 741 espèces de bactéries dont 85% étaient inconnues mais aussi les centaines de relations de dépendance entre les différents groupes bactériens du microbiote. On en sait désormais un peu plus sur le fonctionnement global de la flore intestinale et ses interactions avec l’hôte.

Une efficacité contre…

Les professionnels de santé restent encore prudents face à cette pratique thérapeutique. En l'absence d'un rapport bénéfice/risque clairement établi, la transplantation du microbiote fécale (TMF) doit être réservée à des cas très précis : situations graves, échec des traitements conventionnels, aucune alternative thérapeutique.

…Clostridium difficile…

Ce bacile est responsable de 10 à 25 % des cas de diarrhée post-antibiotique chez l’adulte et de plus de 95 % des colites pseudo-membraneuses (CPM). Il est la principale cause de diarrhées infectieuses nosocomiales chez l’adulte. Les antibiotiques sont efficaces dans 80% des cas. Mais depuis quelques années, on observe une augmentation de leur incidence à travers le monde, l’émergence d’épidémies de formes sévères et une moins bonne réponse aux antibiotiques. On parle, dans ce cas, d’une infection à Clostridium difficile récidivante. En 2013, une thérapeutique est enfin trouvée grâce à une équipe néerlandaise. Elle montre que le transfert de flore est bien plus efficace qu’une antibiothérapie dans le cas d’infection par Clostridium difficile.

…les MICI

Les maladies inflammatoires chroniques de l’intestin (MICI), maladie de Crohn et rectocolite hémorragique, se caractérisent par l’inflammation de la paroi d’une partie du tube digestif, liée à une hyperactivité du système immunitaire digestif. Selon le Pr Marteau, dans le Quotidien du médecin, « Des essais ouverts chez des sujets souffrant de MICI ou de l’association de MICI et d’infection à Clostridium difficile ont suggéré une efficacité de la TMF et un essai est actuellement en cours d’analyse chez des sujets souffrant de maladie de Crohn. Les résultats montrent une efficacité thérapeutique significative de la TMF vs placebo ».

L’hypertension artérielle aussi !

Selon des résultats publiés dans « Nature », une forte consommation de sel réduit la population de Lactobacillus murinus, ce qui provoque la prolifération de lymphocytes Th17, réputés pour être associés à une augmentation de la pression artérielle.  D’après une communication du Pr Eric Alm, une prise de probiotiques pourrait inverser cette tendance.

Et l’obésité ?

Selon le CNRS, plusieurs études ont montré que si l'on transfère la flore intestinale d'un animal normal sur un animal obèse, il maigrit et inversement. Chez l’homme cet échange n’est pas reproductible. En effet, le microbiote constitue un écosystème ou s’intriquent des centaines d’associations entre espèces. Sans intervention extérieure, l'écosystème s’autorégule. De plus, l’effet de la transplantation reste temporaire et s’estompe avec une nourriture trop riche.

Restons prudents

La recherche sur le microbiote présente donc des promesses qui peuvent sembler merveilleuses mais attention !  Plusieurs questions restent sans réponse, notamment quel donneur choisir (un proche dont la composition de la flore est ressemblante ou un étranger ?). Quel est le risque de transmission de maladies infectieuses ?

La TMF reste de l’ordre des nouvelles thérapeutiques qu’il faut donc encore utiliser avec prudence.

Sources

- Henrik Bjørn Nielsen et al. A method for identifying metagenomic species and variable genetic elements by exhaustive co-abundance binning. Nature Biotechnology, 6 juillet 2014. doi:10.1038/nbt.2939. - CNRS - Insert - Le Quotidien du Médecin - Sokol H et al. Protocole impact-Crohn déposé - Chu DM, et al., "Maturation of the infant microbiome community structure and function across multiple body sites and in relation to mode of delivery.", Nat Med, 2017, 23, 314-26. - Le Quotidien du Médecin 

La rumeur est tenace depuis des années : nos fruits et légumes seraient de moins en moins riches en nutriments ! Et cette rumeur enfle avec notamment la reprise de l’information par les médias mais aussi par des personnages politiques. Ainsi, dans un documentaire, on apprend que "au cours des cinquante dernières années les aliments ont perdu jusqu'à 75 % de leur valeur nutritive… et il faut cent pommes actuelles pour le même apport de vitamine C qu'une seule pomme ancienne et vingt oranges au lieu d'une pour l'apport de vitamine A". Alors, mensonge pour dénigrer l’agriculture moderne ou vérité inavouée ?

Deux sources aux origines de la rumeur

Cette déclaration repose sur deux articles : l’un publié en 2003 comparant la densité en nutriments de 27 légumes et 17 fruits de 1940 à 1991 et un second, publié en 2009 par Donald R. Davis de l’université du Texas. A la lecture des ces deux études, les interrogations se multiplient quant à la rigueur scientifique. La méthodologie d’analyse utilisée en 1950 est-elle la même que celle de nos jours ? Les conditions de culture sont-elles similaires ? Les variétés analysées sont-elles identiques ? Et oui, il est nécessaire de répondre à toutes ces questions pour répondre à la grande question qui nous intéresse.

La variété : un des biais de cette comparaison ?

L’affirmation selon laquelle il y aurait cent fois moins de vitamine C dans les pommes d’aujourd’hui est basée sur une comparaison entre la pomme Transparente de Croncels (variété de 1950) et la pomme Golden (variété de nos jours). Or ce n’est pas nouveau : la composition nutritionnelle est très hétérogène pour un même fruit (ou légume), en fonction de la variété que l’on sélectionne ! La pomme Golden n’a jamais été réputée pour être la plus riche en vitamine C. L’affirmation est donc biaisée par le fait que deux variétés différentes ont été comparées !

Ne jamais négliger les sources !

A défaut d’avoir des échantillons à analyser datant de plus d’un demi-siècle, les scientifiques ont utilisé la méthode de comparaison des données des tables de composition des aliments : celle de 1947 et celle de 2016. Or, il faut relativiser : les données de 1947 ne sont pas aussi précises que les données actuelles ! Pour pouvoir comparer au mieux ces deux tables de composition, il faut prendre en compte l’évolution des méthodes d’analyses, mais aussi ne se référer qu’à des nutriments dont le dosage était possible, facile et fiable pour 1947 ! C’est plus difficile qu’il n’y parait.

La maturation : l'autre élément clef d'une comparaison biaisée ?

Nous l'avons vu, la densité nutritionnelle varie en fonction des variétés. Mais il faut savoir qu’elle varie aussi tout au long de la vie d’un fruit ou d’un légume ! Pour les agrumes par exemple, la teneur en vitamine C est deux fois plus importante dans les fruits immatures que dans les fruits matures. Les analyses ont-elles été effectuées au même stade de maturation ? Difficile à croire !

À la recherche de fruits et légumes riches en nutriments

De manière générale, nous pouvons affirmer que : oui, nos aliments contiennent moins de nutriments. Mais cela n’est pas aussi alarmant que ce que l’affirmation relayée dans les médias prétend. Cela peut s’expliquer par la sélection de certaines variétés moins riches nutritionnellement au détriment d’autres, à cause de critères esthétiques notamment. Ou par le fait que les fruits et légumes sont récoltés avant maturité pour pouvoir mieux résister aux centaines voire aux milliers de kilomètres qu’ils parcourent avant d’être vendus.

Trois solutions pour consommer des fruits et des légumes au meilleur de leurs apports nutritionnels

1 - Recourir aux circuits courts grâce notamment aux AMAP ou en privilégiant les produits locaux. 2 - Privilégier les produits issus de culture en plein champs plutôt que ceux issus de culture hydroponique ! La culture hydro- quoi ? C’est une culture hors-sol où la terre est remplacée par un substrat inerte et stérile auquel le cultivateur vient ajouter des solutions nutritives nécessaires à la croissance des produits. De plus, les produits ne voient pas forcément la lumière naturelle et sont cultivés dans des conditions climatiques recréées artificiellement. L’inconvénient de ce mode de culture, c’est que les produits ont des qualités gustatives, aromatiques et nutritionnelles homogènes. Un produit qui provient vraiment de la terre, c’est bien meilleur non ? 3 - Respecter la saisonnalité. Un produit de saison est un aliment que l’on consomme quand il arrive à pleine maturité, NA-TU-RELLEMENT ! Exit les serres chauffées, adieux les produits qui ne respectent pas leur cycle naturel de croissance ! Des calendriers de saisonnalité sont disponibles pour vous aider à vous recaler sur les cycles naturels des produits. Et oui, cela concerne aussi les poissons, les coquillages, les céréales, les fromages...

Sources

- Guégen L., directeur de recherches honoraire de l’INRA, "La valeur nutritionnelle des aliments a-t-elle diminué depuis 60 ans?" - Davis D. R., "Declining fruit and vegetable nutrient composition: what is the evidence?", Hortscience, n°44, 2009, 15-19. - Randoin L., Le Gallic P., Causeret J., Tables de composition des aliments (2ème édition), 1947. - Ciqual-Anses, Composition nutritionnelle des aliments : Table Ciqual, 2016. - Agrapresse, « Densité nutritionnelle des fruits et légumes : une équation complexe », 2015.

L'OMS pessimiste quant à l'évolution du diabète

L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) est très pessimiste sur l’évolution du diabète. A titre d’exemple, elle estime que la prévalence de cette pathologie chez l’adulte a quasiment doublée entre 1980 et 2015. En 2014, l’OMS estime que plus de 420 millions de personnes sont atteintes de diabète de type 2, et il est estimé que plus de 640 millions de personnes seront atteints de cette pathologie d’ici 2040. Selon le Diabetes Atlas, 1 personne meurt du diabète toutes les 6 secondes dans le monde. Cette progression fulgurante et inquiètante est due notamment aux habitudes alimentaires des patients et leur mode de vie.

Néanmoins, la santé connectée va jouer un rôle de plus en plus important dans le futur, et des études viennent de montrer tout l’intérêt de la santé connectée dans le soin du diabète de type 2.

Le suivi nutritionnel informatisé améliore les habitudes alimentaires chez les patients atteints de diabète de type 2

Une récente étude effectuée à l’hôpital Bichat a démontré l’efficacité du e-coaching - suivi nutritionnel informatisé - chez 120 patients diabétiques et en surpoids, notamment au niveau abdominal. Deux groupes ont été comparés : un groupe avec un e-coaching et un groupe témoin recevant des conseils nutritonnels sur 4 mois. Le groupe recevant le e-coaching a expérimenté le programme ANODE ("Accompagnement Nutrionnel de l’Obésité et du Diabète par E-coaching"), associant un bilan nutritionnel informatisé et un accompagnement diététique notamment.

Les 3 critères du programme ANODE

1 - Le score de qualité diététique (« Diet quality »). 2 - Hémoglobine glyquée (HbA1c) : hémoglobine liée à du sucre. Il s’agit d’un marqueur particulièrement suivi chez les diabétiques. 3 - L’aptitude à l’activité physique.

Des résultats encourageants

Les résultats montrent que le score de qualité diététique a significativement augmenté dans le groupe e-coaching (+5,25 points) par rapport aux témoins (-1,83) en moyenne. L’évolution des apports alimentaires y était plus favorable avec la réduction des apports lipidiques, en graisses saturées, en sodium et en « calories vides » (calories fournies par des aliments de faible densité nutritionnelle). Le poids des patients, leur tour de taille et l’HbA1c ont également diminué plus favorablement avec ce programme. Une perte de poids d’au moins 5% est observée respectivement chez 26% et 4% des sujets des groupes e-coaching et témoins. En revanche, il n’y a pas de différence entre les aptitudes physiques entre les deux groupes.

La santé connectée : l’avenir de la médecine traditionnelle ?

Face à la saturation des hôpitaux et au désert médical dans les milieux ruraux, la santé connectée pourrait solutionner ces problématiques en plus de traiter les maladies chroniques. Véritable transition dans le domaine de la médecine, certains hopitaux testent déjà l’efficacité de la santé connectée, comme c’est le cas actuellement à l’hopital Bichat-Claude Bernard à Paris.

Plusieurs applications existent déjà pour les patients atteints de diabète de type 2

- DiabetoPartner : pour les patients atteints de diabète sans insuline : cette application propose notamment des fiches de conseils pratiques, un carnet de suivi, un calendrier des rendez-vous médicaux, un lien avec son pharmacien. - Mon Glucocompteur : cette application quantifie les glucides des repas à partir de photographies, et adapte la dose d’insuline en fonction de cette quantité. - VeryDiab : application développée par un diabétique. Elle est relativement complète car elle mélange les fonctionnalités de DiabetoPartner et de Mon Glucocompteur, avec un carnet de glycémie, une quantification des glucides alimentaires, un calendrier, activité physique… Elle concerne les diabétiques de type 1 ou 2. - GlucoZor : application développée en partenariat avec une association de patients AJD (Aide aux Jeunes Diabétiques). Il s’agit d’une application ludique et amusante s’adressant aux enfants. L’objectif est de s’occuper d’un dinosaure diabétique, et de ce fait d’adapter son alimentation en fonction de son diabète.

D'autres applications existent et fleurissent sur le marché, à vous de jauger celle qui vous convient le plus et qui est le plus adaptée à votre type de diabète et l'avancement de la pathologie.

Êtes-vous prêts à changer vos habitudes de soins ?

Si la e-santé est en plein boom et que de nombreux médecins voient en ce domaine des alternatives intéressantes dans la prise en charge des patients, ces derniers restent encore mitigés. 78 % de personnes sont favorables à un développement de cette discipline, notamment des hommes et des cadres. 54% seraient également favorables à l’utilisation de robots pour assurer une assistance au quotidien, pour des soins basiques, tandis que 73% sont convaincus que le futur de la médecine permettra d’envisager des alternatives médicales “permettant au global de vivre plus longtemps”. En revanche, près de 9 sur 10 d’entre eux pensent qu’il sera encore compliqué d’envisager la guérison complète des maladies graves (cancer, SIDA).

La santé connectée laisse les Français dubitatifs

Néanmoins, les Français sont réservés quant à l’utilisation des données médicales (big data ou collecte des données personnelles liées à leur santé) : 64% des Français se montrent inquiets de l’utilisation qui pourrait en être faite et 47% se déclarent personnellement opposés à ce que ces données soient collectées. Si les sondés se montrent très enclins à partager leurs données avec leur médecin (91%) ou leur pharmacien (71%), ils le sont moins en ce qui concerne des mutuelles (47%) ou des entreprises offrant des services d'e-santé (24%). De fait, près de la moitié des Français (52%) considèrent que la collecte et l’utilisation des données dans ce domaine ne sont pas suffisamment encadrées par la loi. Il reste encore beaucoup à faire dans ce domaine, mais l’espoir est là : 73 % des sondés pensent que la e-santé leur permettra de vivre plus longtemps !

Sources

- Organisation Mondiale de la Santé. - Inserm. - Maddyness. - BFMTV.