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Deux études, l’une publiée dans Cell Metabolism en 2018 et très récemment celle parue dans The Lancet, en juillet 2019, signalent que diminuer de  300 calories par jour ses apports diminue le stress oxydatif et a un bénéfice certain sur notre santé cardiovasculaire.

300 calories par jour

Tout d’abord, réduire son alimentation de plusieurs centaines de calories par jour, même si cela ne paraît pas très compliqué, est plus difficile que vous ne le pensez. Les patients de l'étude publiée dans The Lancet, grâce à un suivi par des nutritionnistes et des plats envoyés au début de l’étude devaient diminuer leur apport calorique de 25%. Or, la restriction a été d'environ 12 %, soit près de 300 calories par jour, loin donc des objectifs fixés. Cette diminution calorique a néanmoins permis aux participants de perdre environ 8 kg au bout de 2 ans.

Santé cardiovasculaire, sensibilité à l’insuline…

La restriction a eu un effet positif sur la santé cardiovasculaire des participants. Les chercheurs ont en effet remarqué que la pression artérielle des sujets avait subi une « réduction persistante et significative ». Leur sensibilité à l’insuline était également améliorée. Rappelons que plus un sujet est sensible à l’insuline moins il a de risque de faire du diabète. Enfin, signalons également, un bénéfice sur les protéines C-réactives qui permettent de combattre les agressions subies par l’organisme (virus, bactéries, lésions traumatiques…).

Un effet anti-vieillissement ?

Mais ces deux études souhaitent également démontrer que la restriction calorique aurait un effet sur le stress oxydatif et donc sur le vieillissement cellulaire. Cependant, la théorie de l’influence du stress oxydatif sur la vieillesse ne semble pas faire l’unanimité parmi les chercheurs. Tout d’abord, parce que le stress oxydatif a de nombreux effets dont il est difficile de déterminer lequel a l’effet toxique le plus important. « Par ailleurs, la notion d’anti-oxydant a ses limites, puisqu’une molécule peut se comporter comme un oxydant ou un anti-oxydant selon son partenaire moléculaire et selon les conditions cellulaires. Enfin, il est sans doute excessif de considérer le stress oxydant comme la cause unique du vieillissement ou de la survenue de pathologies associées à l’âge, et en conséquence, un traitement anti-oxydant devrait être considéré principalement comme un adjuvant. »

Cette théorie doit donc encore faire ses preuves !

https://le-quotidien-du-patient.fr/article/a-table/alimentation-sante/2019/04/03/regime-hypocalorique/

Sources

Cell Metabolism, The Lancet, Médecine Sciences.

Les statines sont des médicaments utilisés pour diminuer le taux de cholestérol dans le sang. Elles figurent parmi les médicaments les plus vendus dans le monde, pour protéger les patients contre les maladies cardio-vasculaires. Néanmoins, leur utilisation pose problème et est très controversée. Car leur utilisation pourrait augmenter le risque de développer un diabète de type 2.

Les statines augmenteraient le risque de développer un diabète de type 2

Une récente étude a montré que des patients à qui les médecins avaient prescrit des statines ont deux fois plus risques de développer un diabète de type 2. Pour ce faire, cette étude s’est basée sur plus de 4600 patients qui n’étaient pas diabétiques. Des statines ont été prescrites à des patients pour raison médicale (risque de maladies cardiaques). 

Par ailleurs, plus la durée d’administration des statines est longue, plus le risque de développer un diabète de type 2 est important. Il y a donc un effet appelé « dose dépendant », suggérant une corrélation entre la prise de ces médicaments et le risque de développer un diabète. Un réel lien de cause à effet donc. 

Des effets plus ou moins forts selon le type de statines utilisées

Une autre étude sur plus de 470 000 personnes âgées prenant des statines a étudié l’effet de différents types de statines sur le risque de développer un diabète. Et les résultats sont assez surprenants. Certaines statines augmentent en effet le risque de développer le diabète de type 2, avec un risque accru de 10 à 22 %. C’est le cas par exemple pour l’orvastatine, la rosuvastatine et la simvastatine. En revanche, certaines statines diminuent légèrement le risque de développer le diabète, avec un risque diminué de 1 à 5 %. C’est le cas pour la fluvastatine et pour la lovastatine. 

https://le-quotidien-du-patient.fr/article/demain/medecine/maladies-chroniques/2019/06/09/prevenir-le-diabete-de-type-2/

Les statines très controversées

Les statines sont des médicaments très utilisés pour lutter contre les maladies cardiaques et faire faire diminuer le taux de cholestérol sanguin. La Haute Autorité de Santé (HAS) a établi les effets des statines sur la santé cardiaque. Elle a en effet indiqué que ce médicament diminue de 10% les risques de mortalité liée à des maladies cardiaques. Par ailleurs, les statines diminuent le risque de survenue d’un accident cardio-vasculaire (infarctus du myocarde notamment). En plus de réduire ce risque cardiaque, elle diminue le taux de LDL-cholestérol (« mauvais cholestérol »), avec un effet plus ou moins important selon le type de statines et les antécédents des patients. 

Prévention primaire et prévention secondaire

Pour cela, la HAS recommande qu’en prévention secondaire, c’est-à-dire après la survenue d’un problème cardiaque, l’utilité des statines est indiscutable. Néanmoins, en prévention primaire - avant un accident cardiaque -, l’utilisation de ces médicaments reste discutable, et doit être proposée selon les antécédents des patients et les pathologies déjà existantes ou si ces personnes fument ou pas. Car en prévention primaire, l’utilisation des stationnes doit être réfléchie, notamment à cause des effets secondaires de ces médicaments. Les statines ne sont pas sans effet sur la santé : douleurs musculaires, altération de la fonction hépatique, risque de diabète, fatigue physique, atteinte rénale, risque de cancers... Les effets secondaires restent importants. Alors les statines ne doivent pas être prescrites à tout va, et le médecin doit prendre en considération plusieurs facteurs du patient avant de prescrire ce médicament. 

Alors face aux statines : méfiance ! Mais surtout, face aux maladies cardiaques, une recommandation efficace et approuvée par toutes les professionnels de la santé : adopter un régime de type méditerranéen, à base de poisson, d’huile d’olive, de légumes et de fruits ! 

https://le-quotidien-du-patient.fr/article/a-table/alimentation-sante/2019/01/11/pourquoi-le-regime-mediterraneen-est-il-le-meilleur-des-regimes/

Sources

- Zigmont VA et al., "Statin users have an elevated risk of dysglycemia and new‐onset‐diabetes", Diabetes Metabolism Research and Reviews, 2019, - Carter AA et al., "Risk of incident diabetes among patients treated with statins: population based study", BMJ, mai 2013, 346 : f2610, - Haute Autorité de Santé, - Haute Autorité de Santé, - La Nutrition.

Entre nos reins et notre microbiote intestinal, apparemment aucun point commun. Pour autant, notre microbiote s’immisce dans de nombreux troubles métaboliques, physiologiques ou comportementaux à différents niveaux de notre organisme. Alors pourquoi n’aurait-il pas un rôle dans l’insuffisance rénale chronique ?

Au début était l’insuffisance rénale chronique

L’insuffisance rénale chronique ou IRC correspond à une diminution de la fonction rénale. Cette maladie s’installe progressivement et de manière irréversible, le stade ultime étant la perte totale de l’activité des reins. Le sang n’est alors plus filtré et les déchets s’accumulent dans le sang et l’organisme : déchets de notre propre métabolisme, déchets alimentaires ou composés microbiens. Le développement d'une IRC est souvent associé à la présence d'une autre pathologie chronique : diabète,hypertension artérielle, maladie génétique, maladie auto-immune inflammatoire, … Les reins sont alors des victimes collatérales.

Le microbiote intestinal entre dans le jeu

Le microbiote intestinal s'avère lui-aussi être une victime collatérale. L’environnement de l’IRC va favoriser l'installation d’une dysbiose : la modification de l’alimentation, le transit ralenti, la supplémentation en fer, la moindre consommation de fibres alimentaires, la prise régulière d’antibiotiques, … tous ces éléments contribuent à modifier le microbiote.

Ensuite tout s’enchaîne et tout est relié : - l’accumulation de toxines (non filtrées et éliminées par les reins) favorise l’inflammation, - la barrière intestinale est altérée, et une augmentation de la perméabilité intestinale est observée,

https://le-quotidien-du-patient.fr/article/demain/recherche/etudes-et-experimentations/2019/07/23/la-permeabilite-intestinale-quand-notre-intestin-devient-une-passoire/

- la présence de résidus protéiques dans le côlon participe au développement des bactéries protéolytiques (qui utilisent les protéines comme source d’énergie) et augmente la production de toxines issues de leur dégradation - à l’inverse, les bactéries qui fermentent les fibres alimentaires et résidus glucidiques sont lésées et ne synthétisent plus les composés bénéfiques à une fonction intestinale normale (acides gras à chaîne courte, vitamine K, …).

Cet état d’inflammation généralisée et la présence de toxines dans l’organisme favorisent à leur tour la progression de l’IRC et de ses complications.

Le microbiote intestinal comme cible thérapeutique ?

Comme pour toutes les autres pathologies ayant montré une implication du microbiote intestinal, ce dernier peut constituer une cible thérapeutique dans le cas de l’IRC. La découverte du rôle du microbiote intestinal étant récente, la recherche n’en est encore qu’à ses débuts mais plusieurs pistes sont déjà envisagées pour moduler le microbiote intestinal : - Intervention nutritionnelle (augmenter les apports en fibres alimentaires par exemple), - Apport de prébiotiques, probiotiques ou symbiotiques, - Transplantation fécale.

Dans tous les cas, la finalité sera de réduire la production de toxines et rééquilibrer le microbiote vers un état plus physiologique voire néphroprotecteur.

https://le-quotidien-du-patient.fr/article/demain/medecine/2018/12/21/le-microbiote-fecal/

Sources

- Ameli, - Castillo-Rodriguez E, Fernandez-Prado R et al., "Impact of Altered Intestinal Microbiota on Chronic Kidney Disease Progression" Toxins (Basel), 2018 Jul 19;10(7). - Chen YY, Chen DQ et al., "Microbiome-metabolome reveals the contribution of gut-kidney axis on kidney disease", J Transl Med., 2019 Jan 3;17(1):5. -  Cigarran Guldris S, González Parra E, Cases Amenós A., "Gut microbiota in chronic kidney disease", Nefrologia, 2017 Jan - Feb;37(1):9-19.

La douleur peut être une réalité du quotidien pour certains. Douleur articulaire, musculaire… d’origine inflammatoire, organique, … Les causes sont multiples mais le fait est bien là : on a mal et on ne pense qu’à ça ! En quoi l’empathie pourrait-elle nous aider dans tout ça ?

Douleur et empathie, 2 notions liées…

D’un côté il y la douleur que nous ressentons. Celle-ci est la traduction d’une perception sensorielle : nos nocicepteurs, des récepteurs sensibles à la douleur et présents dans tout l’organisme, sont sollicités et transmettent l’information au cerveau. Celui-ci reçoit l’information et l’interprète en tenant compte d’autres informations à sa disposition : le contexte, l’environnement, l’expérience, … La douleur est alors localisée et ressentie. Ces informations annexes sont importantes dans la perception de la douleur. Elles expliquent pourquoi nous ne ressentons pas tous la douleur de la même manière, et pourquoi la perception diffère d’un cas à l’autre chez une même personne.

https://le-quotidien-du-patient.fr/article/tous-pour-un/2018/04/26/douleur-fatalite/

D’un autre côté, il y a l’empathie, cette faculté à se mettre à la place de l’autre, à partager son ressenti, que celui-ci soit positif ou négatif. L’empathie s’applique notamment à la douleur : en ayant de l’empathie, j’ai conscience de la douleur de l’autre sans pour autant me l’approprier. L’empathie fait intervenir des zones du cerveau très proches des zones activées en cas de douleurs cependant, les circuits sont différents. Dans le premier cas, les zones concernées sont liées aux émotions, dans le second cas elles sont liées à nos sens.

Les études de comportement ont permis de cerner le concept d’empathie : - L’empathie n’est pas innée, mais elle s’acquiert au cours de l’enfance - On peut ressentir de l’empathie même sans avoir vécu la souffrance de l’autre - Nous sommes capables de moduler notre empathie. Par exemple, nous avons plus d’empathie pour une personne que nous connaissons et que nous aimons que vis-à-vis d’une personne que nous n’aimons pas.

https://le-quotidien-du-patient.fr/article/demain/recherche/2018/05/01/empathie-origine-genetique/

Empathie et corps médical

Cette capacité à nuancer son empathie est parfois nécessaire. Comme dans le cas des personnels soignants ou des personnes qui sont confrontées quotidiennement à des situations difficiles : réduire son empathie permet alors de se protéger vis-à-vis d’un trop-plein d’émotions.

Faire preuve d’empathie à l’égard d’un patient qui souffre permet pourtant de soulager sa douleur. C’est ce qu’a récemment montré une équipe de l’Inserm qui a mené successivement deux expérimentations :

- Lors de la première expérimentation, l’équipe de recherche a confirmé le rôle de l’empathie sur la perception de la douleur. Une pression douloureuse était appliquée à des sujets qui entendaient dans le même temps soit des phrases empathiques, soit des phrases neutres, soit des phrases non-empathiques. Conclusion : lorsqu’ils entendaient des phrases empathiques, les sujets évaluaient leur douleur de façon moins importante que dans les 2 autres cas. Une réduction de 12% de l’intensité de la douleur a ainsi été reportée, ce qui n’était pas le cas lorsque les personnes entendaient des phrases neutres ou non-empathiques. Cette expérimentation a donc confirmé que l’empathie pouvait influer sur la douleur perçue.

- La seconde expérimentation a permis d’affiner les mécanismes en action. A l’aide de l’imagerie médicale, l’équipe de recherche a observé les zones du cerveau sollicitées lors de la sensation douloureuse. Leur focus portait sur les zones sensorielles (qui apportent l’information de la douleur) et les zones émotionnelles (qui modulent le message reçu par le cerveau). Les chercheurs ont alors observé que les phrases empathiques modulaient non pas la sensation de la douleur mais les émotions qui lui sont liées. En modifiant le contexte par une attitude empathique, la sensation douloureuse est alors atténuée.

Tandis que l’équipe de recherche continue à explorer les arcanes de l’empathie, son rôle semble central dans la prise en charge et l’accompagnement des patients.

https://le-quotidien-du-patient.fr/invite/2018/11/06/soulager-douleur-cerveau-lucine/

Sources

- Inserm, - Inserm, - Cortex Mag.

L’antibiorésistance est aujourd’hui considérée comme un fléau par les plus hautes autorités. OMS, gouvernements, instituts de recherche, tous tirent la sirène d’alarme pour endiguer le développement de résistance bactérienne vis-à-vis de cette ancienne méthode de traitement qui touche désormais à ces limites. Le futur est-il dans le cannabis ?

Antibiorésistance

Depuis la découverte de Flemming en 1928, l’usage des antibiotiques s’est largement répandu. Santé humaine, santé vétérinaire, élevage, leurs applications sont multiples et parfois détournées de leur objectif primaire qui est de soigner humains et animaux des infections bactériennes. Aujourd’hui, cet usage répandu et non contrôlé favorise l’apparition de résistance dans certaines familles bactériennes. Au point que les antibiotiques ne sont de plus aucun recours face à certaines bactéries.

Des pistes encourageantes pour lutter contre l'antibiorésistance

Pour lutter contre l’antibiorésistance, la politique mise en place vise à raisonner l’usage des antibiotiques : usage non systématique, respect des indications et des posologies, … Le grand public, comme les professionnels de santé, a un rôle à jouer dans cette démarche. En parallèle, des solutions de substitution émergent dans les milieux de la recherche : - La greffe de microbiote fécal, notamment pour les infections récidivantes à la bactérie Clostridium difficile,

https://le-quotidien-du-patient.fr/article/2019/05/28/infections-a-clostridium-difficile/

- La phagothérapie, qui utilise des virus qui s’attaquent aux bactéries, - La mise au point de nouvelles classes d’antibiotiques...

Et le cannabis et antibiorésistance dans tout ça ?

Aussi inattendu que cela puisse paraître, le cannabis pourrait bien constituer une nouvelle piste de lutte contre l’antibiorésistance ! Ou plus exactement le cannabidiol (aussi connu sous le sigle CBD) : le cannabis (ou chanvre) contient de nombreuses molécules de la famille des cannabinoïdes parmi lesquels le delta-9-tétrahydrocannabinol (alias le THC) et le cannabidiol (alias le CBD). Tous sont des composés actifs, ce dernier n’ayant cependant pas de propriétés stupéfiantes.

Lors du dernier congrès de l’American Society for Microbiology, des chercheurs australiens ont présenté des données prometteuses sur le cannabidiol. Au cours d’études en laboratoire, ils ont montré que le cannabidiol avait des propriétés antibiotiques et était ainsi capable de tuer des bactéries. Cette activité a notamment été observée sur des bactéries responsables d’infections telles que Staphyloccocus aureus et Streptococcus pneumoniae, ainsi que sur des bactéries ayant déjà montré des signes de résistance vis-à-vis d’antibiotiques courants. Couplée aux propriétés anti-inflammatoires du cannabidiol, cette nouvelle propriété s’avère donc particulièrement intéressante selon les chercheurs, qui veulent continuer à explorer la molécule.

Mais que les choses soient bien claires entre nous, il n’est pas (encore!) question ici de fumer de manière illicite pour traiter une infection !

https://le-quotidien-du-patient.fr/article/tous-pour-un/2018/11/16/antibioresistance/

Sources

- ANSM, - OMS, -  Mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives (MILDECA), - Le Monde.