
LQDP est allé à la rencontre de l'un des fondateurs de mYXpression, à l'origine d'une innovation technologique au service de la rémission dans la polyarthrite rhumatoïde :
Qu’est-ce qui vous a incité à créer mYXpression ?
Jean-François Prugnot : Je me suis associé avec Jean-François Robineau car nous avons une amie commune qui a une polyarthrite rhumatoïde (PR). Face à sa souffrance et à son parcours, elle a suivi trois biothérapies, nous nous sommes étonnés que rien n’ait été trouvé pour soulager ces malades. La PR est une souffrance au quotidien surtout durant les poussées aiguës. De plus, c’est une maladie handicapante qui a une réelle répercussion sur la vie du patient et sur son entourage direct. C’est pourquoi nous avons décidé d’apporter notre pierre à l’édifice pour soulager ces malades. De plus nos fonctions antérieures, j’étais directeur commercial et marketing dans un laboratoire pharmaceutique et mon associé à la recherche fondamentale dans le domaine de la pharmaceutique, nous ont permis de nous lancer en toute connaissance des choses.Que proposez-vous exactement ?
Nous avons élaboré une technologie vraiment innovante que nous sommes les seuls au monde à proposer. Cette technologie fait intervenir l’extraction génomique et le Big Data. Tout d’abord, issue du Big Data, nous avons extrait et colligé toutes les études cliniques génomiques internationales qui ont été publiées sur la PR, c’est notre base d’analyse. Nous avons ensuite extrait, à l’issue de longs processus d’analyses numériques, les résultats d’une cohorte de 4 000 patients atteints de PR, tous profils confondus (âge, traitements, antécédents, etc.). Ces informations ont été enregistrées et traitées par Intelligence Artificielle, ce qui nous a permis d’obtenir une grosse base de profils patients qui est unique.Comment avez-vous procédé ?
Rappelons, tout d’abord, que l’ADN est notre patrimoine génétique, il ne varie jamais (sauf exception). Nous avons 23 paires de chromosomes, comprimées dans le noyau de chacune de nos cellules. Lorsqu’une cellule a besoin de fabriquer une protéine, elle va aller chercher l’information dont elle a besoin dans le noyau de la cellule au sein de l’ADN. C’est l’ARN messager qui va aller chercher ces informations, il contient une information biologique, éphémère que nous allons séquencer. C’est ce qu’on appelle la transcriptomique.Dans le cas de la PR, nous allons ainsi chercher quels sont les biomarqueurs des cellules pro-inflammatoires qui sont sur-exprimées ou sous-exprimées chez le patient atteint. Elle nous permet d’établir une signature biologique transcriptomique de chaque patient que nous entrons, ensuite, dans nos calculateurs afin de la confronter à notre énorme base de profils. C’est l’analyse de toutes ces informations, nécessitant des milliards de calculs, qui révèle quelle biothérapie est la meilleure en fonction du profil unique du patient. Cette information est capitale.
https://le-quotidien-du-patient.fr/article/tous-pour-un/2018/04/26/douleur-fatalite/
Pourquoi ?
Pour traiter la PR, les médecins passent par plusieurs stades. D’abord les anti-inflammatoires puis les corticoïdes, puis le méthotrexate (MTX). Lorsque la maladie a évolué, le médecin peut prescrire prescrit une biothérapie en association ou non avec le MTX.Les biothérapies sont de nouveaux traitements issus de cellules végétales ou animales transformées génétiquement. Ces cellules fabriquent des anticorps qui vont être inoculés chez le patient. Chez les patients atteints de PR, ces anticorps vont bloquer les phénomènes inflammatoires responsables des symptômes de cette pathologie. Ces traitements sont vraiment ceux du XXIe siècle, c’est de la haute technologie mais ils peuvent être toxiques. En l’absence d’outil scientifique, les médecins ne peuvent connaître quelle biothérapie correspond le mieux à la dérégulation intime de son patient. Pour rappel, il existe 9 biothérapies disponibles actuellement, sans compter l’anti-JAK, et ces traitements ne sont pas sans effets secondaires importants et lourds pour le système immunitaire du patient lorsque ceux-ci sont mal ciblés. Le rhumatologue se doit donc d’être prudent.
Lorsqu’une biothérapie est prescrite, il existe deux cas de figure. Tout d’abord, la biothérapie prescrite est efficace, cela représente environ 40 % des cas. Mais 60 % des patients n’auront pas cette chance ; pour 30 %, la biothérapie sera efficace durant quelques mois voire années et ensuite l’organisme va secréter des auto anticorps qui vont contrer ceux de la biothérapie. Chez les 30 % restants, la biothérapie n’aura aucune efficacité. C’est là que mYXpression intervient.
C’est une démarche qui va être faite par le patient car le médecin ne prendra pas la décision de prescrire en l’état actuel de non prise en charge du test. C’est donc à lui de prendre la décision, (en concertation toutefois avec son médecin) et de nous contacter. Dès qu’il a commandé via notre site internet, le patient reçoit, chez lui, un kit d’auto-prélèvement sanguin très facile à réaliser. Ce sang sera envoyé directement à notre plateforme transcriptomique, car je rappelle que nous allons procéder au séquençage de l’ARN du patient. Cela nous permet d’établir sa signature transcriptomique. Cette signature est envoyée à nos calculateurs qui vont la confronter à notre base de données de profils. Le patient recevra en toute fin le rapport d’information thérapeutique individualisé (RITI) dans lequel il verra quelle biothérapie est identifiée en fonction de son profil. Son médecin peut lors décider, avec lui, de la prescription la plus efficiente. Cet outil est vraiment bénéfique pour le médecin et le patient. Car non seulement, le médecin peut s’appuyer sur un outil scientifique et rationnel, c’est donc une aide précieuse pour son acte quotidien. Mais en plus, le patient suit un traitement qui lui sera vraiment bénéfique.
https://le-quotidien-du-patient.fr/article/tous-pour-un/2018/10/04/analyse-de-sang/
Comment est accueilli votre test et quel en est le prix ?
Beaucoup de patients Suisses nous ont déjà fait des demandes, les Français sont plus timides car nous avons l’habitude, ici, que les actes médicaux chers soient pris en charge. Notre test coûte 750 euros, à la charge du patient. C’est cher, mais c’est le prix le plus abordable que nous pouvons proposer. Il faut bien comprendre que nous ne faisons pas la même chose qu’un laboratoire d’analyse biologique. Nous parlons d’une plateforme génomique qui effectue un séquençage, résultat d’un process très lourd, de jours de travail effectués par des techniciens de haut niveau derrière chaque étape. Le matériel utilisé comme les calculateurs qui permettent d’établir la bonne biothérapie ont un coût. De plus, nous disposons d’un Data Center qui protège toutes les informations recueillies. Précisons que la biothérapie représente tout une technologie et un process très coûteux. En comparaison, une biothérapie prescrite tous les mois pour un patient représente environ 1000 euros de remboursement. C’est de la très haute technologie et une réelle innovation. C’est le cas de mYXpression. Si les autorités acceptent de rembourser les biothérapies c’est parce que bien prescrites, les biothérapies permettent aux patients de mieux vivre, de réduire le nombre d’hospitalisations, d’interventions chirurgicales, d’interruption de travail, etc.Vous envisagez une prise en charge pour un remboursement ?
Nous faisons actuellement des démarches pour que mYXpression soit pris en charge par la Sécurité sociale. Notre recherche dure depuis 10 ans mais nous commercialisons cette technologie seulement depuis deux mois, il faut nous laisser du temps pour que notre dossier soit accepté par les autorités de santé. Cependant nous sommes très confiants car notre technologie représente de grosses économies de santé. En effet, en France, il y a environ 300 000 patients polyarthritiques dont 45 000 sont traités par biothérapies ce qui représente 600 millions d’euros pour la Sécurité sociale. Il y a donc toute une réflexion économique au niveau sociétal qui se pose.Pour découvrir mYXpression, c'est par ici >>
https://www.youtube.com/watch?v=7R6fNsW0C8w&t=1s
Les résultats d’une étude publiée début juillet dans Nature Medicine montrent que l’administration par voie orale de la bactérie Akkermansia muciniphila aurait des effets bénéfiques sur des personnes obèses ou en surpoids.
Akkermansia muciniphila, une bactérie intestinale qui nous veut du bien
Le Pr Patrice Cani, du Drug Research Institute de l’UCLouvain, en Belgique, et maître de recherche FNRS, est à l’origine de la découverte des effets bénéfiques de la bactérie Akkermansia muciniphila.Cette bactérie est présente dans le microbiote intestinal de l’homme et de l’animal. L’équipe de chercheurs conduite par le Pr Patrice Cani a d’abord découvert que chez des animaux obèses ou en surpoids ou, encore, souffrant de diabète de type II, Akkermansia était moins présente.
Ensuite, les chercheurs ont montré, chez la souris, qu’Akkermansia améliorait notamment le fonctionnement de la barrière intestinale. Or, comme l’explique le Pr Cani, dans une interview dans le Magazine Nature Sciences Santé, lorsque la barrière de l’intestin est altérée, vous avez, au niveau du foie, une inflammation et une accumulation de graisse. La régulation de l’appétit est également modifiée, le développement de l’athérosclérose, des maladies cardiovasculaires est accéléré…
Chez des souris, la consommation d’Akkermansia diminuait également le développement de l’obésité, du diabète de type II et inhibait la progression de l’athérosclérose.
https://le-quotidien-du-patient.fr/article/demain/medecine/obesite/2018/07/30/microbiote-intestinal-et-surpoids/
La consommation d'Akkermansia muciniphila à l'étude
Enfin, une première étude pilote a été réalisée avec des volontaires, tous en surpoids ou obèses et insulino-résistants. Les résultats confirment ceux obtenus chez la souris. Ils montrent que la prise quotidienne pendant 3 mois de 10 milliards de bactéries a notamment empêché la détérioration de l’état de santé des participants (pré-diabète, risques cardiovasculaires). De plus, Akkermansia semble avoir renforcé la barrière intestinale et une baisse des marqueurs d’inflammation du foie, une légère diminution du poids et du tour de taille ont été également été observées. Ces résultats devront bien sûr être confirmés par la réalisation d’une étude à plus large échelle, dès à présent en projet.Une spin-off, A-Mansia Biotech, travaille actuellement sur les processus qui devraient permettre d’obtenir l’autorisation, dans le cadre de la procédure de « Novel Foods », d’utiliser Akkermansia dans des compléments alimentaires.
Découvrez dans le n°18 du magazine Nature Sciences Santé (format papier ou pdf), l’interview du Professeur Patrice Cani, dans laquelle il explique le chemin qui l’a conduit à la découverte des effets bénéfiques pour la santé de la bactérie Akkermansia municiphila. Il y parle également de ses nombreux projets de recherche.
© Nature Sciences Santé
Le magazine Nature Sciences Santé est édité par le site www.nature-sciences-sante.eu, un site d’information indépendant sur les compléments alimentaires (ou alicaments), les extraits de plantes et le rôle qu’ils peuvent jouer pour la santé et le bien-être.
La maladie d’Alzheimer affecte, en France, 900 000 personnes et 225000 nouveaux cas sont diagnostiqués chaque année. Selon l’OMS 50 millions de personnes sont atteintes de démence parmi lesquelles 60 à 70 % ont une maladie d’Alzheimer. Les recherches progressent, de récentes découvertes permettent actuellement de prédire la maladie d’Alzheimer avant l’apparition des premiers symptômes. Cependant, entre détection et guérison, il existe encore un monde.
Maladie d'Alzheimer et protéine bêta-amyloïde
La maladie d’Alzheimer est caractérisée par le dépôt anormal de la protéine bêta-amyloïde dans le cerveau. Ce dépôt est le résultat d’une réaction entre une « protéine précurseur amyloïde » et des enzymes qui entraîne l’augmentation de la molécule bêta-secrétase 1 (BACE 1). Pour savoir si le cerveau présente un taux élevé voire inquiétant de cette molécule, il faut pratiquer une ponction lombaire, on récupère du liquide céphalo-rachidien à l’aide d’une aiguille introduite en bas du dos au niveau de la colonne vertébrale. Cet examen peu douloureux est cependant délicat et lourd à pratiquer surtout au niveau de toute une population dans la démarche d’une prévention. C’est pourquoi, les chercheurs ont décidé de contourner cette procédure en pratiquant des analyses de sang, car lorsque la molécule bêta-secrétase est présente dans le cerveau, elle est repérable dans le sang de par les modifications qu’elle provoque.Une première étude, dont les résultats ont été publiés en 2017, montrait « une augmentation significative de l’activité plasmatique de BACE 1 chez les patients atteints de troubles cognitifs modérés (+53%) et chez les cas probables de maladie d’Alzheimer (+69%), par rapport aux sujets sains. De plus, les patients dont les « troubles cognitifs modérés » se sont transformés en « probable maladie d’Alzheimer » au cours du suivi clinique, présentent une activité de BACE 1 plus élevée que les patients souffrant de « troubles cognitifs modérés » restés stables, ainsi que les patients atteints de la maladie d’Alzheimer. »
https://le-quotidien-du-patient.fr/article/tous-pour-un/2018/10/04/analyse-de-sang/
Un test plus sensible
En janvier 2018, une nouvelle étude, dont les résultats ont été publiés dans Nature, partait du même postulat, analyser le taux de BACE 1 dans le sang montrait des résultats plus précis que la première. « À partir d’un petit échantillon de sang, notre méthode nous permet de mesurer le taux de protéines bêta-amyloïde, et ce, même si leur concentration est très faible », a expliqué Koichi Tanaka, biologiste moléculaire au Centre de développement de la médecine avancée pour la démence à Obu, au Japon. Ces résultats sont tellement précis et fins qu’ils pourraient prédire une maladie d’Alzheimer avec 20 voire 30 ans d’avance.Une prise de sang pour prédire la maladie d'Alzheimer : une avancée majeure pour la recherche
Ce test ne constitue pas un traitement mais c’est un énorme progrès pour la recherche. La maladie d’Alzheimer comporte un stade asymptomatique durant lequel aucun symptôme clinique n’est détectable. C’est pourquoi, les recherches sont longues car les personnes qui font partie des études ont déjà déclaré cette pathologie. Ils en sont donc à un stade débutant ou avancé, et le biologiste moléculaire Katsuhiko Yanagisawa, un des partcipants à la seconde étude précise : « À ce stade, des lésions cérébrales associées au bêta-amyloïde ont déjà eu lieu et il est peut-être trop tard pour les inverser ». Ce test représente donc une aide précieuse pour les laboratoires dans leurs recherches contre cette maladie. Au-delà de trouver des porteurs qui n’ont pas encore déclaré cette pathologie, ce test permettrait de recruter plus facilement des sujets pour des essais cliniques. Rappelons qu’il n’en existe actuellement aucun !https://le-quotidien-du-patient.fr/article/a-table/alimentation-sante/2018/03/06/lalimentation-a-t-elle-un-role-a-jouer-dans-la-prevention-de-la-maladie-dalzheimer/
Sources
- Fondation pour la Recherche sur Alzheimer, - Institut du cerveau et de la moelle épinière, - Nature.L'occlusion intestinale est à ce jour un sujet tabou mais pourtant en cause dans de nombreuses hospitalisations. Quelles sont les causes de l'occlusion intestinale ? Ses symptômes ? Et ses complications ? LQDP vous explique tout !
Qu’est-ce qu’une occlusion intestinale ?
L’occlusion intestinale désigne un arrêt partiel ou total de votre transit intestinal : vous n’arrivez plus, ou alors difficilement, à émettre de gaz ni de selles. Les aliments digérés ne sont donc pas évacués et s’accumulent au fur et à mesure dans l’intestin, provoquant donc à terme la distension de celui-ci. Le blocage peut être localisé au niveau de l’intestin grêle ou au niveau du colon.Causes de l'occlusion intestinale
Les causes d’une occlusion intestinale peuvent être mécaniques ou fonctionnelles :Causes mécaniques :
- Adhérences intestinales : il s’agit de la principale cause d’occlusion intestinale. Les adhérences, qui sont des tissus fibreux qu’on retrouve dans la cavité abdominale, peuvent apparaître à la suite d’une intervention chirurgicale. Les tissus fibreux peuvent se lier à la paroi de l’intestin et ainsi provoquer une occlusion - Hernies et tumeurs : ces deux causes sont malgré tout relativement fréquentes.On note aussi d’autres causes mécaniques plus rares : torsion de l’intestin, maladie inflammatoire chronique de l'intestin comme par exemple la maladie de Crohn, rétrécissement anormal de la sortie de l’estomac ou du côlon…
Causes fonctionnelles :
L’occlusion intestinale peut aussi être due à une anomalie de fonctionnement de l’intestin : les intestins n’arrivent plus à faire transiter les matières fécales et les gaz. C’est ce qu’on appelle un iléus paralytique. Dans ces cas, on ne retrouve pas d’obstacle physique. Cette cause fonctionnelle se produit le plus souvent après une chirurgie des intestins.https://le-quotidien-du-patient.fr/article/demain/medecine/2018/12/21/le-microbiote-fecal/
Symptômes de l'occlusion intestinale
Les symptômes d’une occlusion intestinale sont les suivants : - Douleurs abdominales sous forme de crampes. L’intensité de celles-ci varie énormément en fonction de la localisation de l’occlusion intestinale, - Nausées, - Vomissements assez abondants, - Météorisme, c’est-à-dire gonflement de l’abdomen, - Arrêt des selles et d’émission de gaz, - Ballonnements dus à l’accumulation des gaz au niveau de l’abdomenComplications
L’occlusion intestinale est une cause réelle et sérieuse d’hospitalisation en urgence dès l’apparition des premiers symptômes. En effet, il est nécessaire de prendre rapidement en charge l’occlusion intestinale car elle peut entraîner de nombreuses complications : - Perforation de la paroi de l’intestin provoquant ainsi le déversement du contenu intestinal et pouvant causer une péritonite, - Nécrose d’une partie de l’intestin, - Décès dans les cas les plus graves et/ou non pris en charge précocement.Prise en charge
Pour éviter ces complications et traiter l’occlusion intestinale, on utilise, en premier recours, une sonde pour aspirer le contenu. Si cela n’est pas possible, dans 25% des cas tout de même, la case opération sera envisagée. Cependant, elle est plutôt à éviter car elle peut favoriser la survenue d’une occlusion post-opératoire.https://le-quotidien-du-patient.fr/article/au-vert/bien-etre/vivre-avec-sa-pathologie/2019/06/28/leau-une-alliee-contre-la-constipation/
Sources
- Le manuel MSD, "Occlusion intestinale" - "Occlusion intestinale : symptômes, traitement, causes, qu'est ce que c'est ?"Les aliments ultra-transformés (AUT) seraient-ils en cause dans les états dépressifs ? Une étude observationnelle, dont les résultats ont été publiés en avril dans la revue BMC Médical a montré l’association entre consommations d’AUT et états dépressifs. Cependant, au-delà de résultats peu significatifs, et sans vouloir défendre ces aliments, cette étude montre les limites d’études observationnelles qui observent mais ne prouvent rien.
Aliments ultra-transformés, additifs, et leurs conséquences
La cohorte Nutri-net n’a pas fini de nous éclairer sur l’alimentation dans la santé et, au-delà, sur le rôle de notre microbiote intestinal sur notre santé. L’étude observationnelle dont nous parlions plus haut a été menée par une équipe de Français. Elle montre l’association entre AUT et états dépressifs. Environ 26000 personnes avec une majorité de femmes, d’un âge moyen de 47 ans, ont été rassemblées. Leurs consommations d’aliments ultra-transformés correspondaient à 15 % des apports alimentaires en poids et à 32 % en calories. Le profil des personnes les plus consommatrices d’AUT sont en général des jeunes, fumeurs ou anciens fumeurs, obèses et à faibles revenus.La population de cette étude ne présentait aucun symptôme dépressif au début de cette étude. Durant les 5 ans de suivi, 2221 cas de symptômes dépressifs ont été identifiés (9% chez les hommes et 8,1% chez les femmes). Les auteurs concluent en signalant que « l’association entre consommation d’AUT et états dépressifs pourrait être en partie favorisée par la présence d’additifs notamment des émulsifiants ou des molécules transformées par de fortes températures et qui pourraient induire des altérations du microbiote ».
https://le-quotidien-du-patient.fr/article/a-table/bien-manger/aliments/2018/06/27/aliments-ultra-transformes-aut/
Prendre du recul
Ces résultats sont à prendre avec précaution. Tout d’abord, il ne s’agit que d’une étude d’observation, pour bien étudier les effets des AUT sur le microbiote, il faudrait une étude qui compare des personnes uniquement consommatrices d’AUT versus d’autres qui n’en mangent aucun. Or, pour des raisons évidentes d’éthique, cela ne se fera jamais.Regardons de plus près le profil des personnes les plus consommatrices d’AUT, c’est-à-dire des jeunes, fumeurs ou ex-fumeurs, obèses et à faibles revenus. Ce profil est étonnant car il rassemble beaucoup de caractéristiques de personnes qui ont des symptômes dépressifs.
Obésité, baisse de l’estime de soi et symptômes dépressifs
Obésité et dépression sont souvent associées. Beaucoup d’études ont démontré que l’obésité était une cause d’états dépressifs. La plus récente date de 2018. Cette étude a comparé un groupe de 48 000 patients dépressifs et un groupe témoin de 290 000 personnes. Les résultats, publiés dans l’International Journal of Epidemiology ont montré de façon assez claire « un lien de cause à effet entre dépression et obésité. (…) En cas d’obésité (lorsque l’indice de masse corporelle dépasse 30kg/m2), le risque de dépression augmente et ce, surtout chez les femmes. De manière plus précise, pour chaque hausse de l’IMC de 4,7 points, le risque de dépression augmente entre 18% et 23% chez les femmes ».L’OMS l’affirme également : « La stigmatisation est l’une des causes fondamentales des inégalités de santé, et celle de l’obésité entraîne des conséquences physiologiques et psychologiques importantes, comme le surcroît de dépression et d’anxiété et la diminution de l’estime de soi ».
Il est donc facile et nous n’avons pas besoin de mobiliser des milliers de personnes pour dire que les obèses ont tendance plus que d’autres à manifester des symptômes dépressifs.
Mauvaise alimentation et faibles revenus
Les professionnels de santé et chercheurs en nutrition le savent, plus les revenus d’une personne ou d’un ménage sont faibles plus l’alimentation est déséquilibrée. L’Inserm le dit également, « L’étude INCA 3 montre qu’il existe une association entre faible revenu et consommation d’une alimentation de moindre qualité nutritionnelle, en moyenne plus dense en énergie, avec plus de produits sucrés et moins de fruits, de légumes et de poissons. Cette alimentation, qui favorise l’obésité et les maladies chroniques, est aussi la plus accessible aux petits budgets. »On sait ainsi pourquoi, les personnes à faibles revenus mangent plus d’AUT que les personnes aisées. Là aussi, pas la peine de mobiliser environ 26000 personnes.
https://le-quotidien-du-patient.fr/article/a-table/bien-manger/2018/10/16/5-fruits-et-legumes-par-jour-un-privilege-de-riches/
Le tabagisme
Enfin, préciser que ces personnes sont fumeuses ou ont arrêté de fumer est surprenante. Le tabac et les états dépressifs sont souvent associés. Selon une publication de l’Inserm, « Il existe une indiscutable comorbidité entre la dépendance à la nicotine et les troubles dépressifs. Il est actuellement bien établi que les scores d’anxiété et de dépression sont supérieurs chez les fumeurs. » De plus en période de sevrage tabagique, un état dépressif peut être craint surtout lorsque le sujet présente des antécédents.Aliments ultra-transformés et états dépressifs, ou l'art de rappeler des évidences
Cette étude nous rend le fier service de nous rappeler que les personnes jeunes, obèses, fumeuses ou ayant fumé et à faibles revenus ont plus tendance que les autres à mal manger, notamment à manger beaucoup d’AUT, et à être dépressives. Soit !Nous savons le lien étroit qui existe entre nutrition, microbiote et notre état de santé, certains liens étant plus étonnants que d’autres, par exemple le rôle du microbiote dans notre système cardiovasculaire. Mais cette étonnante découverte, qu’est celle du microbiote, ne doit pas nous faire oublier ce que nous savons déjà et nous rappeler des évidences déguisées en découvertes.
Pour prendre encore plus de recul face à certaines études, allez voir les derniers prix décernés lors de la 28e cérémonie des IG-Nobles, ce prix (qui peut être prononcé Ignobel, car nommé ainsi par jeu de mots entre « prix Nobel » et l'adjectif « ignoble » en anglais) est un prix parodique du prix Nobel décerné chaque année à dix recherches scientifiques qui paraissent insolites mais qui amènent secondairement à réfléchir. Le prix nutrition 2018 a été décerné à James Cole, pour avoir calculé qu'un régime cannibale à base de viande humaine était significativement plus bas en calories que la plupart des autres plats de viande traditionnels. AUT et états dépressifs, une corrélation certes mais à prendre avec des pincettes.
https://le-quotidien-du-patient.fr/article/demain/recherche/etudes-et-experimentations/2019/03/07/nouveaux-liens-entre-microbiote-intestinal-et-depression/
Sources
- NCBI, - OMS, - Inserm, - Eurekalert, - Psydoc France.Page 20 sur 214